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Guerre et paix
Les questions et réponses suivantes sont extraites du livre DOCAT - Doctrine sociale de l'Église catholique.
Guerre et Paix
Pourquoi nous avons besoin de Dieu pour parvenir à une paix durable et fondamentale ? Pourquoi l'Eglise doit être un artisan de paix et ce qu'elle peut apporter à la désescalade des conflits ? Pourquoi le pacifisme radical ne résout pas les conflits et quand la guerre peut être menée en dernier recours ? Vous trouverez les réponses ici.
Qu’est-ce qui provoque la guerre et la violence ?
De nombreuses guerres commencent à cause d’une haine tenace entre des peuples, des idéologies, ou encore la volonté de certaines personnes ou de groupes d’avoir plus de pouvoir et de richesse. Mais des personnes peuvent également avoir recours à la guerre et à la violence par désespoir, par exemple quand ils ne peuvent pas s’exprimer politiquement, quand ils souffrent de la faim, de la pauvreté, d’oppression ou de toute autre injustice. Là où quelques riches vivent au détriment de nombreux pauvres, cette inégalité génère souvent des accès de violence.
Que pense l’Église de la guerre ?
La guerre est la pire et la plus épouvantable conséquence de l’échec de la paix. C’est pour cette raison que l’Église ne cesse de condamner « la barbarie de la guerre » (GS 77 et CEC 2307-2317). La guerre ne peut jamais être une mesure appropriée pour la résolution de conflits entre les nations, car elle est dommageable à tous les participants et ne peut que créer de nouveaux conflits encore plus complexes. La guerre est toujours une « défaite de l’humanité » (Jean Paul II, discours pour les vœux au corps diplomatique, 13.3.03).
Quelles stratégies préventives pour éviter la guerre et la violence ?
La lutte pour la paix ne peut jamais se cantonner uniquement au désarmement ou à la répression des conflits par la force. Le mensonge et souvent l’injustice sont la cause de la violence. Des structures injustes entraînent régulièrement l’exploitation et la misère. Un manque de participation et une liberté entravée s’expriment par une résistance armée. C’est pourquoi la guerre ne peut être évitée à la longue que s’il se développe des sociétés libres où règnent des conditions de vie justes et des perspectives de développement pour tous. Une aide au développement intelligente peut également aider à éviter la guerre.
Que doit-il se passer quand les acteurs politiques ne sont pas en mesure d’œuvrer pour la paix, par leurs propres forces ?
L’Église sait bien sûr que les États n’ont souvent pas les moyens appropriés pour bien se défendre et préserver la paix. En plus de l’aide au développement, l’Église encourage le travail des organisations régionales et internationales pour promouvoir la paix et instaurer la confiance entre les peuples. À plusieurs reprises par le passé, il s’est avéré utile que l’Église catholique se situe au niveau international pour ne pas être récu-pérée au niveau national. Elle conserve ainsi sa liberté pour émettre des jugements indépendants et soutenir les chrétiens qui vivent dans des régimes injustes.
Quelles doivent être les sanctions en cas de conflit et/ou risque de guerre ?
Les sanctions de la communauté internationale sont des outils utiles contre les États qui oppriment des secteurs de leur population, qui mettent en danger la coexistence pacifique des peuples. Les objectifs de ces mesures doivent être formulés sans équivoque. Il convient de contrôler régulièrement ces sanctions par les organes compétents de la communauté internationale afin de pouvoir estimer leur efficacité et leurs répercussions pratiques sur la population civile. Leur objectif fondamental est de préparer le chemin vers des négociations et des entretiens ; les sanctions ne doivent jamais être utilisées uniquement pour sanctionner directement une population tout entière. C’est pourquoi un embargo économique doit être limité dans le temps et ne saurait être légitime quand il apparaît clairement que toute la population est touchée de plein fouet par ses conséquences.
Que faut-il faire si une guerre éclate malgré tout ?
Par définition, les guerres de conquête et d’agression sont immorales. Quand une guerre se déclenche, les responsables de l’État attaqué ont le droit et le devoir d’organiser leur défense armée. C’est la raison pour laquelle les États ont le droit d’avoir des armées et des armes afin de pouvoir protéger leur population d’attaques étrangères. Pour ces mêmes raisons, les chrétiens ont le droit d’être soldat, à condition que les forces armées soient au service de la sécurité et de la liberté du pays et qu’elles servent à préserver la paix. Utiliser des enfants ou des jeunes comme soldats est un crime. Il est impératif d’arrêter de les utiliser au sein de forces armées, à quel niveau que ce soit, et d’intégrer les anciens « enfants soldats » dans la société.
Quand s’agit-il d’une « légitime défense » ?
Il n’est légitime de se défendre par les armes que dans quelques conditions clairement établies. Seuls les organismes auxquels a été confiée la préservation du bien commun peuvent décider si ces conditions sont remplies. Quatre critères sont particulièrement significatifs :
- Le dommage causé par l’agresseur doit être clairement établi, significatif et durable.
- Que tous les autres moyens de mettre fin au conflit ou de revenir en arrière se soient avérés inefficaces. Que toutes les options pacifiques pour trouver une issue au conflit aient été épuisées.
- Les conséquences de la défense armée ne doivent pas être pires que les dommages causés par l’agresseur. Ici, les épouvantables conséquences des armes de destruction massive doivent être prises en considération.
- La défense doit avoir une chance réaliste de succès.
Dans le cas d’une légitime défense, faut-il aussi limiter l’utilisation de la violence ?
Même quand l’autodéfense armée est légitime, tous les moyens ne peuvent pas être utilisés pour que l’agresseur se retire. Les limites traditionnelles de la nécessité et de la proportionnalité doivent être respectées à tout prix. Cela signifie que pour se défendre d’une attaque injuste, la défense ne peut utiliser la violence que dans la mesure où cela est absolument nécessaire.
Que doivent prendre en compte les soldats pendant une guerre ?
Les soldats ont le devoir de refuser d’obéir aux ordres s’ils vont à l’encontre du droit international. Un soldat ne doit par exemple jamais participer à un massacre de civils ou de prisonniers de guerre, même si ses supérieurs le lui ordonnaient. Même dans ce cas, il ne peut pas prétendre n’avoir qu’obéit aux ordres. Il est responsable de ses actes.
Qu’en est-il des victimes de guerre ?
Les victimes innocentesLe tout dernier rapport de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés sur les tendances mondiales, publié fin 2013, fait état d’une hausse considérable du nombre de personnes obligées de fuir, avec 51,2 millions de déracinés – ce sont 6 millions de plus que l’année précédente. Le nombre total des réfugiés est constitué de trois groupes : 16,7 millions de personnes ont quitté leur pays, 33,3 millions sont des déplacés internes et 1,2 million de personnes cherchent asile ici ou là dans le monde. Un réfugié sur deux est un enfant. Pendant l’été 2015 c’est déjà plus de 60 millions de personnes qui ont fui. La tendance est en hausse., incapables de se défendre d’un assaillant, doivent être protégées à tout prix. Cette protection est valable pour l’ensemble de la population civile. Les parties belligérantes portent la responsabilité des réfugiés et des minorités natio-nales, ethniques, religieuses ou linguistiques. Tenter d’éliminer des groupes entiers de la population (géno-cide) ou pratiquer une « épuration ethnique » est un crime contre Dieu et contre l’humanité.
Que faut-il faire quand un génocide est imminent ?
La communauté internationale a le devoir moral de prendre des mesures correctives en faveur de groupes menacés d’extermination ou dont les droits fondamentaux sont bafoués massivement. En intervenant, le droit international doit être respecté strictement ainsi que le principe de l’égalité souveraine des États. L’Église soutien dans ce contexte la Cour pénale internationale qui sanctionne les responsables d’actes particulièrement graves : génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crime d’agression.
Ne devrait-on pas interdire le commerce des armes ?
L’Église s’engage en faveur d’un « désarmement généralisé, équilibré et contrôlé » (Jean Paul II, 14.10.1985), car la croissance démesurée de l’arsenal mondial constitue un risque significatif pour la stabilité et la paix. Le principe de suffisance (= tout État ne peut posséder que les moyens nécessaires pour sa légitime défense) doit être respecté autant par les États qui achètent des armes que par ceux qui les fabriquent ou les livrent. Amasser des armes outre mesure, et en faire un commerce généralisé, ne saurait être légitime au niveau moral. Même le commerce d’armes soi-disant légères, doit être fermement contrôlé par les États.
Dans quelles conditions des armes de destruction massive sont-elles autorisées ?
Jamais et sous aucun prétexte. L’Église récuse non seulement la « logique de dissuasion », mais aussi, par principe, les armes de destruction massive et leur utilisation ; elle s’est exprimée en faveur de leur abolition et de leur interdiction. La destruction aveugle de villes, pays et populations comme cela est possible avec des armes de destruction massive biologiques, chimiques ou nucléaires, est un crime très grave contre Dieu et l’humanité. C’est pourquoi l’Église invite à un désarmement général, progressif et surveillé.
Y a-t-il des armes qui ne doivent être utilisées en aucun cas?
L’Église exige l’interdiction d’armes qui provoquent des dommages disproportionnés, qui peuvent frapper tout le monde sans distinction, comme les mines antipersonnel qui sont encore capables de causer du tort, même bien après la fin du conflit. La communauté internationale est tenue de s’engager dans le déminage.
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